SNO MOOSE
MOOSE est un réseau pour l’observation marine intégrée et multidisciplinaire mis en place en liaison étroite avec les grandes questions du Chantier Méditerranée MISTRALS (https://www.mistrals-home.org), notamment celles des projets HyMeX (cycle de l’eau), MERMEX (écosystème marin) et CHARMEX (chimie atmosphérique) auxquels MOOSE apporte des observations sur le long terme. Le réseau MOOSE s’intéresse à l’impact des changements climatiques et anthropiques sur la dynamique et l’écosystème marin de la Méditerranée. Le but in fine est de fournir les grandes tendances et les anomalies sur le long terme de certains processus (physiques, biogéochimiques et biologiques) caractérisant l’évolution de la Méditerranée Nord-Occidentale (zones du Golfe du Lion et de la mer Ligure). Le but de MOOSE est aussi de renseigner certaines structures et certains processus peu ou mal étudiées, et dont le rôle dans la dynamique de couplage physique/biogéochimie est fortement pressentie (saisonnalité des écoulements à méso-échelle et leur influence sur les propriétés biogéochimiques des systèmes, variabilité générale des processus affectant le continuum côte-large, variabilité des structures de communautés sur des échelles de temps allant de la saison au décennal, etc).
Site web MOOSE: https://www.moose-network.fr/
Page Twitter: https://twitter.com/OS_MOOSE
Principaux objectifs
– Pérenniser les séries temporelles in-situ, seul outil pour observer les évolutions aux différentes échelles temporelles (saisonnière à décennale) sur le climat, la biogéochimie et l’écologie de cette région
– Accentuer le flux de données temps réel afin de mieux contraindre les modèles de prévision opérationnelle et les modèles de climat, régionaux en particulier
– Mettre en œuvre des moyens de mesures modernes, automatisées et peu coûteux, pour une observation adaptée aux objectifs scientifiques et opérationnels, et aux contraintes d’organisation
– Répondre aux besoins sociétaux en mettant en œuvre les moyens nécessaires pour observer des indicateurs pertinents (température, salinité, courants, pH, structure des communautés, cycles biogéochimiques, contaminants, etc).
Méthodologie
Dans MOOSE, le LOCEAN contribue principalement au suivi de la circulation du Gyre Nord et de son hydrologie. Le but ici est d’observer la variabilité de ce gyre, en mettant l’accent sur les processus de méso-échelle, ainsi que ses effets sur le couplage physique/biogéochimie. Une meilleure caractérisation des propriétés physiques et des paramètres biogéochimiques du gyre à cette échelle et sur le long terme est en effet cruciale pour observer les impacts sur la circulation côtière, la circulation thermohaline et les cycles biogéochimiques (incluant le niveau de la production primaire). Les observations portées par le LOCEAN s’appuient sur les plateformes suivantes :
– Gliders: 2 radiales côte-large (ou “endurance line”) pour observer sur le long terme les zones clefs comme la circulation de bord et les zones de convection profonde et intermédiaire : Nice-Calvi (MooseT00) et Marseille-Minorque (MooseT02) . En raison de leur grande autonomie de plusieurs mois et grâce aux rotations assurées par le DTINSU, les gliders répètent ces radiales entre la surface et 1000 m de profondeur avec un taux de répétition de une (T00) ou deux (T02) semaines. Ils acquièrent des données physiques (T, S) et biogéochimiques (chla, CDOM, O2 et rétrodiffusion) à haute résolution (1 profil ‘vertical’ tous les ~2 km) sur le long terme et permettent de bien caractériser la variabilité du milieu sur une large gamme d’échelles. Les données sont disponibles au SISMER (doi:10.17882/52027) et sont transmises en temps réel à CORIOLIS pour alimenter les modèles numériques de prévision.
– Lignes instrumentées (IR EMSO-France): Le LOCEAN maintient la ligne de mouillage profond au point LION (42°02’N/04°40’E) au large du Golfe du Lion, et au centre de la zone de convection hivernale, pour l’observation de la dynamique (T, S, courants) à haute résolution temporelle et des flux verticaux de particules. Cette ligne est située au voisinage immédiat de la bouée ODAS de Météo France qui la complète pour l’observation de la couche de surface (0-150 m)et les mesures météorologiques. Cette ligne peut être considérée comme la clé de voute du système intégré et devrait évoluer vers une transmission en temps réel des données océaniques récoltées.
– Navires de façade: Le LOCEAN conduit une campagne MOOSE-GE (Grande Echelle) par an depuis 2010. Elle couvre l’ensemble de la région et permet d’acquérir des données non mesurables à l’heure actuelle par les plateformes mobiles et les capteurs autonomes et de vérifier/corriger les données acquises par ces dernières. Ceci comprend: les profils CTD surface-fond, la courantologie (ADCP de coque et LADCP), les mesures discrètes (prélèvements bouteilles Niskin) en biogéochimie (oxygène dissous dissous, nutritifs, pigments, carbone total-alcalinité et carbone inorganique dissous). Cette campagne sert également à la maintenance de 4 lignes de mouillages hauturières incluant LION.
L’ENSTA-Paris et Sorbonne Université s’appuient aussi sur la campagne annuelle MOOSE-GE pour assurer un cours M2 « Méthodes d’observation de l’océan » des masters WAPE (Institut Polytechnique de Paris) et MOCIS (Sorbonne Université) permettant aux étudiants de prendre un contact prolongé avec les méthodes d’observation et surtout, l’organisation des systèmes d’observation et leurs enjeux scientifiques et sociétaux – ceci étant peu habituel en France contrairement à la pratique dans d’autres pays.
Localisations des mouillages (bulles et triangles jaunes), des radiales gliders (MooseT00 et MooseT02 – lignes oranges), des couvertures radars, des campagnes mensuelles (MOLA, ANTARES, DYFAMED – points blancs) et annuelles (MOOSE-GE – points noirs) sur une image de couleur de l’océan typique de cette région en hiver. Elle illustre en particulier, la circulation générale de bord cyclonique et sa recirculation au sud autour d’une zone convective (ici pauvre en phytoplancton du fait de processus actifs de convection profonde), ainsi qu’une forte variabilité à moyenne et petite échelle qui façonne fortement l’écosystème marin.
Positionnement national et international
MOOSE s’appuie sur les observations qui étaient auparavant conduites indépendamment par les stations marines (Villefranche/Mer, Marseille et Banyuls/Mer) et des laboratoires dont le LOCEAN. Par exemple, la série temporelle DYFAMED au large de Villefranche/Mer est une des séries d’observation océanique les plus anciennes au monde et MOOSE a permis d’apporter la composante spatiale à travers son système intégré (campagnes navires, gliders, flotteurs). Le CNRS, Ifremer, Météo France et les universités Paris-Sorbonne, d’Aix-Marseille, et de Perpignan apportent leurs concours à MOOSE, notamment à travers les OSUs Ecce Terra, IMEV, PYTHEAS, et OOB. MOOSE a été labellisé en 2010 « Système d’Observation et d’Expérimentation au long terme pour la Recherche en Environnement » (SOERE) par ALLENVI, et SNO en 2014 par le CNRS-INSU. Le réseau MOOSE a été relabellisé SNO par le CNRS-INSU pour la période 2020-2024 et fait partie depuis 2019 de l’Infrastructure de Recherche (IR) ILICO coordonné par le CNRS et Ifremer (https://www.ir-ilico.fr). MOOSE étant un système d’observation intégré et régional, il participe également à d’autres activités d’infrastructure comme l’IR EMSO-France (mouillages profonds), la Très Grande (TG) IR Euro-Argo (déploiement régulier dans le bassin de flotteurs Argo) et s’appuie sur la TGIR de la Flotte Océanographique Française pour les campagnes en mer récurrentes.
Au plan international, MOOSE répond au besoin formulé par de nombreux acteurs de la recherche sur le milieu marin, de la recherche fondamentale sur les écosystèmes marins jusqu’aux applications opérationnelles utilisées par les acteurs économiques. MOOSE est un exemple de système d’observation intégrée au niveau régional et une contribution française majeure au GOOS (Global Ocean Observing System, https://www.goosocean.org/) dans le cadre des programmes OceanGliders (https://www.oceangliders.org/). OceanSITES (http://www.oceansites.org/) et GO-SHIP (https://www.go-ship.org/). Au niveau européen, MOOSE participe à la mise en place de l’EOOS (European Ocean Observing System, http://www.eoos-ocean.eu/) et est plus particulièrement moteur dans la composante régionale MONGOOS d’EuroGOOS (http://eurogoos.eu/roos/mediterranean-operational-network-global-ocean-observing-system-mongoos/) pour harmoniser les différents systèmes d’observations en Méditerranée et favoriser l’émergence de nouveaux systèmes, notamment dans les pays de la rive Sud.